« Sus à
l’ennemi ! Sauvons la princesse Mymy ! », s’écrie le jeune
prince Camille de Malmaison.
Puis, il
empoigne un épais cordage et s’élance dans le vide, pour atterrir au beau
milieu du pont de « l’écrevisse sauvage », le navire du tristement
célèbre pirate Thomas le sanguinaire.
—
Dépêche-toi donc de me délivrer ! s’agace
Myriam de Haute-Tour, saucissonnée au pied du mat. Le méchant pirate va arriver
d’une minute à l’autre !
N’écoutant
que son courage, Camille fonce vers la belle mais irascible captive, tout en
esquivant les assauts désordonnés des malotrus qui tentent de s’en prendre à
lui.
—
Ah, quand même, ce n’est pas trop tôt. J’ai mal
aux poignets, maintenant, soupire la princesse en se frottant les mains,
aussitôt libérée.
—
Viens, belle Mymy, sauvons-nous ! réplique
Camille en l’entraînant en direction du bastingage et de la liberté.
Mais au
dernier moment, un pirate aux yeux fous et aux longs cheveux bouclés
s’interpose. C’est Thomas le sanguinaire ! Thomas le kidnappeur !
Thomas le rançonneur !
—
Je ne vous laisserai pas vous enfuir aussi
facilement ! s’exclame le pirate en dégainant un impressionnant sabre de
bois, aussitôt imité par le prince Camille.
Le combat
fait rage entre les deux hommes, qui paraissent de force égale. Les coups
d’estoc succèdent aux coups de taille et aux bottes secrètes. Mais les
adversaires se connaissent trop bien, et ni l’un ni l’autre ne parvient à
prendre l’avantage. Les yeux rivés sur le prince et le pirate, la main posée
sur le bastingage, la princesse Myriam se fait soudain bousculer dans le dos
par un marin et elle chute dans la mer dans une grande gerbe d’écume.
Ni une, ni
deux, Camille pare une nouvelle attaque de Thomas, puis il passe par-dessus
bord pour rejoindre la belle Myriam avant qu’elle ne se noie. Le sauvage pirate
l’imite aussitôt en criant « Vous ne m’échapperez pas ! »
L’eau est
froide, mais elle est si claire que Thomas a l’impression de voler dans le
ciel. Une myriade de petits poissons tropicaux virevoltent autour de lui en
l’ignorant superbement. Au loin, quelques requins font des cercles au dessus
d’un amas de rochers. Thomas agite un peu les jambes, pour se propulser en
avant avec ses palmes. Il n’est plus un pirate, mais un plongeur sous-marin.
D’ailleurs, son frère et sa sœur ont aussi revêtu une combinaison de
plongée : Camille admire le ballet des animaux marins et Myriam prend
en photos les crabes qui essayent de s’enfouir sous le sable fin.
Les fonds
marins déroulent leur tapis blanc sous les yeux des trois enfants, qui explorent
ce nouvel univers lorsqu’une gigantesque silhouette apparaît à l’horizon :
un cachalot ! Myriam se tourne vers Thomas, qui ouvre de grands yeux tout
emplis d’excitation : « et si on allait voir ce qu’il se passe dans
son ventre ? » semble-t-il dire dans un large sourire.
Aussitôt dit,
aussitôt fait, les trois enfants se précipitent en direction du mastodonte,
tout occupé à avaler sa petite tonne quotidienne de poulpes, de calmars et de
poissons. Un requin qui passait par là se fait également happer par la gueule
béante du géant des mers. Lorsque Myriam, Camille et Thomas se présentent
devant lui il les avale aussi sec, et ils se retrouvent propulsés dans son estomac.
—
Il fait sombre, ici, chuchote Camille,
impressionné malgré lui.
—
Attends, j’ai ma lampe de poche sous-marine,
répond Myriam.
On entend un
petit « clic » et un flot de lumière éclate qui révèle une
gigantesque caverne emplie d’objets et de flaques d’eau, dans lesquelles nagent
de petits poissons multicolores.
—
On va voir un pantin de bois ? demande
Thomas, plein d’espoir.
—
Mais nooon, lui dit Myriam. C’est dans les
livres, ça.
—
Regardez ! s’écrie Camille, en pointant du
doigt vers le fond de la grotte.
Là, un vieil
homme et un étrange petit garçon s’activent auprès d’un grand feu de bois, dont
la fumée piquante emplit bientôt l’estomac du cachalot.
—
Ho ho, dit Myriam. Je crois qu’on va se faire
recracher. Donnez-moi la main, il ne faut pas qu’on se sépare, surtout !
Les trois
enfants se rapprochent les uns des autres et se tiennent fort par la main. Et
lorsque le cachalot, irrité par la fumée qui lui sort par la bouche, éternue
violemment, ils restent accrochés ensemble et jaillissent hors de l’eau comme
trois petits bouchons, dans une grande gerbe d’eau salée !
Derrière eux,
le monstre fait entendre sa grosse voix en colère :
—
Faites donc un peu attention, les enfants !
Vous envoyez de l’eau jusqu’à la terrasse !
En fait, c’est
papa qui crie ! Dans la piscine gonflable posée au beau milieu du jardin,
Thomas provoque de gigantesque raz de marée en se balançant d’avant en arrière
et en crachant de puissants jets d’eau sur son frère et sa sœur.
—
Tu as mouillé mes cheveux, c’est pas
drôle ! proteste Myriam en se levant précipitamment.
—
Et moi, tu m’as envoyé de l’eau sur le visage et
j’ai les yeux qui piquent, ajoute Camille en se frottant les paupières.
Thomas rigole
de plus belle et une nouvelle vague déborde de la piscine, arrosant papa qui
s’était approché.
—
Bon ça suffit comme ça, sortez de là, dit-il. De
toute façon, c’est l’heure du goûter.
—
Youpi ! s’écrient les enfants.
Ils sortent
aussitôt de l’eau en courant. Dans la mer en réduction flottent un bateau
pirate et trois petits livres plastifiés. « Du temps des pirates : à
l’abordage ! », « Aventures sous-marine » et « Les
baleines et les cachalots : les rois des océans ».
Scalp
1 commentaire:
Mais comment j'ai pu louper ça !
Ça nous fait plonger dans une grande gerbe d'"eau de rêves". … :D ;)
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