mercredi 22 août 2012

Thomas le pirate


« Sus à l’ennemi ! Sauvons la princesse Mymy ! », s’écrie le jeune prince Camille de Malmaison.
Puis, il empoigne un épais cordage et s’élance dans le vide, pour atterrir au beau milieu du pont de « l’écrevisse sauvage », le navire du tristement célèbre pirate Thomas le sanguinaire.

         Dépêche-toi donc de me délivrer ! s’agace Myriam de Haute-Tour, saucissonnée au pied du mat. Le méchant pirate va arriver d’une minute à l’autre !

N’écoutant que son courage, Camille fonce vers la belle mais irascible captive, tout en esquivant les assauts désordonnés des malotrus qui tentent de s’en prendre à lui.

         Ah, quand même, ce n’est pas trop tôt. J’ai mal aux poignets, maintenant, soupire la princesse en se frottant les mains, aussitôt libérée.
         Viens, belle Mymy, sauvons-nous ! réplique Camille en l’entraînant en direction du bastingage et de la liberté.

Mais au dernier moment, un pirate aux yeux fous et aux longs cheveux bouclés s’interpose. C’est Thomas le sanguinaire ! Thomas le kidnappeur ! Thomas le rançonneur !

         Je ne vous laisserai pas vous enfuir aussi facilement ! s’exclame le pirate en dégainant un impressionnant sabre de bois, aussitôt imité par le prince Camille.

Le combat fait rage entre les deux hommes, qui paraissent de force égale. Les coups d’estoc succèdent aux coups de taille et aux bottes secrètes. Mais les adversaires se connaissent trop bien, et ni l’un ni l’autre ne parvient à prendre l’avantage. Les yeux rivés sur le prince et le pirate, la main posée sur le bastingage, la princesse Myriam se fait soudain bousculer dans le dos par un marin et elle chute dans la mer dans une grande gerbe d’écume.

Ni une, ni deux, Camille pare une nouvelle attaque de Thomas, puis il passe par-dessus bord pour rejoindre la belle Myriam avant qu’elle ne se noie. Le sauvage pirate l’imite aussitôt en criant « Vous ne m’échapperez pas ! »

L’eau est froide, mais elle est si claire que Thomas a l’impression de voler dans le ciel. Une myriade de petits poissons tropicaux virevoltent autour de lui en l’ignorant superbement. Au loin, quelques requins font des cercles au dessus d’un amas de rochers. Thomas agite un peu les jambes, pour se propulser en avant avec ses palmes. Il n’est plus un pirate, mais un plongeur sous-marin. D’ailleurs, son frère et sa sœur ont aussi revêtu une combinaison de plongée : Camille admire le ballet des animaux marins et Myriam prend en photos les crabes qui essayent de s’enfouir sous le sable fin.

Les fonds marins déroulent leur tapis blanc sous les yeux des trois enfants, qui explorent ce nouvel univers lorsqu’une gigantesque silhouette apparaît à l’horizon : un cachalot ! Myriam se tourne vers Thomas, qui ouvre de grands yeux tout emplis d’excitation : « et si on allait voir ce qu’il se passe dans son ventre ? » semble-t-il dire dans un large sourire.

Aussitôt dit, aussitôt fait, les trois enfants se précipitent en direction du mastodonte, tout occupé à avaler sa petite tonne quotidienne de poulpes, de calmars et de poissons. Un requin qui passait par là se fait également happer par la gueule béante du géant des mers. Lorsque Myriam, Camille et Thomas se présentent devant lui il les avale aussi sec, et ils se retrouvent propulsés dans son estomac.

         Il fait sombre, ici, chuchote Camille, impressionné malgré lui.
         Attends, j’ai ma lampe de poche sous-marine, répond Myriam.

On entend un petit « clic » et un flot de lumière éclate qui révèle une gigantesque caverne emplie d’objets et de flaques d’eau, dans lesquelles nagent de petits poissons multicolores.

         On va voir un pantin de bois ? demande Thomas, plein d’espoir.
         Mais nooon, lui dit Myriam. C’est dans les livres, ça.
         Regardez ! s’écrie Camille, en pointant du doigt vers le fond de la grotte.

Là, un vieil homme et un étrange petit garçon s’activent auprès d’un grand feu de bois, dont la fumée piquante emplit bientôt l’estomac du cachalot.

         Ho ho, dit Myriam. Je crois qu’on va se faire recracher. Donnez-moi la main, il ne faut pas qu’on se sépare, surtout !

Les trois enfants se rapprochent les uns des autres et se tiennent fort par la main. Et lorsque le cachalot, irrité par la fumée qui lui sort par la bouche, éternue violemment, ils restent accrochés ensemble et jaillissent hors de l’eau comme trois petits bouchons, dans une grande gerbe d’eau salée !
Derrière eux, le monstre fait entendre sa grosse voix en colère :

         Faites donc un peu attention, les enfants ! Vous envoyez de l’eau jusqu’à la terrasse !

En fait, c’est papa qui crie ! Dans la piscine gonflable posée au beau milieu du jardin, Thomas provoque de gigantesque raz de marée en se balançant d’avant en arrière et en crachant de puissants jets d’eau sur son frère et sa sœur.

         Tu as mouillé mes cheveux, c’est pas drôle ! proteste Myriam en se levant précipitamment.
         Et moi, tu m’as envoyé de l’eau sur le visage et j’ai les yeux qui piquent, ajoute Camille en se frottant les paupières.

Thomas rigole de plus belle et une nouvelle vague déborde de la piscine, arrosant papa qui s’était approché.

         Bon ça suffit comme ça, sortez de là, dit-il. De toute façon, c’est l’heure du goûter.
         Youpi ! s’écrient les enfants.

Ils sortent aussitôt de l’eau en courant. Dans la mer en réduction flottent un bateau pirate et trois petits livres plastifiés. « Du temps des pirates : à l’abordage ! », « Aventures sous-marine » et « Les baleines et les cachalots : les rois des océans ».

Scalp

1 commentaire:

Jop a dit…

Mais comment j'ai pu louper ça !
Ça nous fait plonger dans une grande gerbe d'"eau de rêves". … :D ;)